Définition de Rimbaldien
Le mot « rimbaldien », et son équivalent au féminin « rimbaldienne », renvoie à l’univers poétique et à l’aura mystique d’Arthur Rimbaud (1854-1891), poète fulgurant et légendaire de la fin du XIXe siècle. Être rimbaldien, c’est adhérer ou s’inspirer de l’esprit révolutionnaire de Rimbaud, un esprit qui rejette les conventions établies, qui embrasse l’expérimentation formelle et qui explore les territoires les plus extrêmes de l’expérience humaine, qu’ils soient lumineux ou ténébreux.
Cet adjectif qualifie tout à la fois une esthétique poétique, un mode de vie anarchique, et même une mythologie littéraire, tant la figure de Rimbaud a transcendé son œuvre pour devenir une icône de la révolte et de la quête absolue.
L’essence du rimbaldien repose sur l’idée de rupture. Dès ses premiers poèmes, Rimbaud s’oppose aux formes classiques et aux valeurs bourgeoises de son temps, proposant une poésie radicalement nouvelle, ouverte aux sensations, aux visions et aux fulgurances. Dans sa célèbre lettre dite « du voyant » (1871), il expose son ambition de « dérèglement de tous les sens », une méthode qui consiste à pousser les perceptions au-delà de leurs limites afin d’accéder à des vérités supérieures, inaccessibles par les voies rationnelles. Le rimbaldien et la rimbaldienne, en ce sens, incarnent une quête d’absolu, où la poésie devient une expérience de transformation, à la fois spirituelle, sensorielle et existentielle.
D’un point de vue stylistique, le rimbaldien se distingue par une liberté formelle et une inventivité langagière qui ont révolutionné la poésie moderne. Dans des œuvres comme Les Illuminations ou Une Saison en enfer, Rimbaud s’affranchit des structures traditionnelles, jouant avec les images, les rythmes et les sonorités pour créer une poésie en mouvement, où chaque vers ouvre sur des horizons inattendus. Ses poèmes sont traversés par des visions hallucinatoires, où les couleurs, les odeurs, les sons et les mots eux-mêmes se mêlent dans une synesthésie envoûtante. Cette esthétique rimbaldienne, où le langage devient un espace de réinvention permanente, a influencé des générations de poètes et d’artistes, de Paul Claudel à André Breton, en passant par Jim Morrison et Patti Smith.
Le rimbaldien, toutefois, ne se limite pas à une révolution poétique : il est aussi une révolte existentielle. La vie de Rimbaud, marquée par une précocité extraordinaire – il a écrit l’essentiel de son œuvre avant l’âge de 20 ans – et par un rejet des conventions, contribue à forger le mythe rimbaldien. Après avoir bouleversé la poésie, il abandonne brusquement l’écriture pour mener une vie d’errance et d’exil, notamment en Afrique, où il devient marchand et explorateur. Cette rupture, perçue comme un acte de refus radical, fait de Rimbaud une figure emblématique de la liberté et du refus des compromis. Être rimbaldien ou rimbaldienne, c’est donc aussi incarner une posture de rébellion, où l’art et la vie se confondent dans une quête incessante de dépassement.
Enfin, le rimbaldien se caractérise par une tension entre l’ombre et la lumière, entre la souffrance et l’extase. Dans Une Saison en enfer, Rimbaud explore ses propres contradictions, mêlant exaltation mystique et désespoir profond, lucidité implacable et aspiration à l’infini. Cette dualité, qui traverse toute son œuvre, confère au rimbaldien une dimension universelle : il incarne à la fois la fragilité et la grandeur de l’être humain, engagé dans une lutte inlassable pour donner un sens à l’existence.
En somme, le terme « rimbaldien » désigne bien plus qu’une appartenance littéraire : il incarne un état d’esprit, une esthétique et une manière d’être au monde. Être rimbaldien ou rimbaldienne, c’est adopter une posture de révolte, d’expérimentation et de quête absolue, où la poésie devient une manière de vivre et de penser l’infini. Ce mot, comme l’œuvre de Rimbaud, reste une source d’inspiration inépuisable pour celles et ceux qui cherchent à dépasser les limites imposées par la société, la langue et la condition humaine.