La littérature en deuil : Mario Vargas Llosa nous quitte à 89 ans
- Amour des livres
- 21 avr.
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Il a fermé le livre. Mario Vargas Llosa, géant des lettres sud-américaines, s'est éteint dimanche 13 avril à Lima, à l'âge de 89 ans. Une plume s'est arrêtée, qui pendant plus de six décennies avait fait danser les mots avec une vigueur et une précision rarement égalées.
Né en 1936 à Arequipa, ville nichée au pied des volcans péruviens, Vargas Llosa aura traversé le XXe siècle comme l'un de ses témoins les plus lucides et les plus engagés. De La Ville et les Chiens (1963), récit brutal de formation dans une école militaire, à La Caverne (2019), méditation sur l'âge et le temps qui passe, l'écrivain n'aura cessé d'interroger l'homme dans sa complexité, sans jamais céder à la facilité ou au cynisme.
Le Nobel 2010 n'était pas qu'un styliste. Avec Gabriel García Márquez (avec qui il entretint une inimitié légendaire après une dispute dont la nature exacte reste mystérieuse), Carlos Fuentes et Julio Cortázar, il fut l'un des piliers du "boom latino-américain", ce mouvement littéraire qui fit découvrir au monde entier la richesse narrative d'un continent.
Les hommages ont afflué dès l'annonce de sa disparition. Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol, a évoqué "l'une des figures les plus importantes de la littérature en langue espagnole". La famille royale d'Espagne, pays dont il avait acquis la nationalité, a parlé d'une "perte irréparable pour la culture mondiale".
Vargas Llosa laisse une œuvre monumentale de plus de vingt romans, mais aussi d'essais, de pièces de théâtre et d'articles. Son parcours politique, du marxisme de jeunesse au libéralisme assumé de ses dernières années, a souvent fait polémique, mais jamais au détriment de son exigence littéraire.
Le gouvernement péruvien a décrété ce 14 avril journée de deuil national. Pour une fois, la politique et la littérature sont d'accord : c'est un monument qui disparaît.